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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/19

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SA VIE ET SES AVENTURES.

Mme Campan, Mme Adélaïde avait appris à jouer de tous les instruments, depuis le cor jusqu’à la guimbarde. Beaumarchais donna des leçons aux princesses, composa pour elles de la musique, organisa de petits concerts auxquels assistaient chaque semaine le roi, la reine et le dauphin : il plut par son esprit et ses chansons. On disait à la cour que le roi, impatient de l’entendre jouer de la harpe, lui avait poussé son propre fauteuil et l’y avait fait asseoir. On disait aussi que Mesdames avaient refusé le présent d’un éventail où le peintre avait représenté leurs concerts sans y faire figurer Beaumarchais.

Il n’en fallait pas plus pour déchaîner contre lui toutes les jalousies. Avec la belle insolence de ses manières, il n’était pas homme à désarmer les envieux. Mais il ne laissait pas une attaque sans riposte. Il savait faire taire les courtisans d’un bon mot ou d’un coup d’épée. Au besoin il prêtait de l’argent aux joueurs malheureux. Car il n’était plus pauvre et, chemin faisant, l’homme d’affaires avait tiré le musicien de la gêne.

Ce n’était point son mariage qui l’avait enrichi : la mort soudaine de sa femme l’avait dépouillé de tout. Ce n’était point non plus son premier succès à la cour : il ne recevait rien pour les leçons qu’il donnait aux princesses et plus d’une fois il dut réclamer le prix de la musique et des instruments