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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/26

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BEAUMARCHAIS.

toutes les troupes d’Espagne. Enfin, il étudia pour le gouvernement les moyens de donner quelque essor à l’industrie et aux manufactures du royaume.

Les affaires, d’ailleurs, ne l’empêchaient pas de mener joyeuse vie dans la société de Madrid : il jouait gros jeu chez les ambassadeurs, courtisait les ambassadrices, portait la cape et le sombrero, rimait des vers de sa façon sur des airs de séguedilles.

Nous tenons là déjà tout notre personnage : homme d’esprit, de plaisir et d’intrigue. Pour achever le portrait, voici maintenant l’apprenti diplomate, le « casse-cou politique ».

« Si, au sortir d’une éducation cultivée et d’une jeunesse laborieuse, mes parents eussent pu me laisser une entière liberté sur le choix d’un état, mon invincible curiosité, mon goût dominant pour l’étude des hommes et des grands intérêts, mon désir insatiable d’apprendre des choses nouvelles et de combiner de nouveaux rapports m’aurait jeté dans la politique. » Ainsi débutait un mémoire qu’à son retour d’Espagne il rédigea pour Choiseul et où il exposa ses vues sur l’état de l’Europe et de l’Espagne.

Il y indiquait aussi les moyens de « donner au conseil de France le plus d’ascendant qu’on pouvait sur celui d’Espagne » : à ce point de vue le prochain mariage du prince des Asturies avec l’infante de Parme, « princesse aux trois quarts française », lui