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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/28

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BEAUMARCHAIS.

surexciter la passion de Charles III. Et la comédie s’était achevée par l’inévitable dénouement : le marquis avait reçu une croix de diamants et une commanderie de Saint-Jacques ; la marquise avait été présentée à la cour. Et Beaumarchais était reparti pour la France, afin d’attirer l’attention de Choiseul sur les grands résultats de son officieuse diplomatie. Ajoutons qu’il n’avait point seul la gloire du succès. L’évêque d’Orléans, Mgr de Jarente, avait, lui aussi, veillé de loin à l’avancement de sa nièce. Il avait adressé à Louis XV une supplique où il demandait au roi de France de « prier Sa Majesté Catholique d’accorder sa protection, ses bontés et ses grâces à la dame de la Croix, établie en Espagne ». Et la supplique avait été transmise à d’Ossun par le ministère des affaires étrangères. Avec l’honneur d’avoir donné une maîtresse à Charles III, Beaumarchais rapportait encore de son voyage quelques airs de séguedilles et le décor de ses futures comédies. Quant à ses entreprises industrielles, elles n’avaient point réussi. Dans un pays où tout va poco a poco, lui-même le remarque, sa furia francese n’avait pu qu’amuser et échouer.

De retour à Paris, il se remit, selon ses propres expressions, à « gratter la terre » et à « cultiver le jardin de son avancement ». Mais les spéculations financières et le soin de faire sa cour à quelques hauts protecteurs ne suffisaient pas à l’occuper tout