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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/46

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BEAUMARCHAIS.

Mais, au moment où il veut regagner la route, il est assailli par deux brigands qui lui demandent la bourse ou la vie. Il arme son pistolet : l’amorce rate. Il reçoit en pleine poitrine un coup de couteau, qui, heureusement, s’arrête sur la fameuse boîte ovale où est enfermé l’ordre du roi ; mais la lame remonte et lui traverse le menton. Il tombe, puis se relève, saisit le couteau, désarme le brigand et se blesse à la main. L’autre assaillant, qui s’est enfui, revient avec quelques scélérats. Alors le postillon, inquiet de ne plus voir son voyageur, pénètre dans le bois, et les malfaiteurs se dispersent.

À Nuremberg, M. de Ronac fait panser ses blessures. Puis il s’achemine rapidement vers Vienne pour obtenir de Marie-Thérèse l’arrestation d’Angelucci. Mais le mouvement de la chaise de poste augmente la douleur de ses plaies ; il gagne donc le Danube et s’embarque. C’est sur le bateau qu’il écrit aux Parisiens pour les mettre au courant des péripéties tragiques de son voyage. « Allez donc, mon ami, recommande-t-il à Roudil, dans tous les domiciles mâles et femelles de ma connaissance, et, après avoir assuré que je suis bien en vie, lisez ce que vous voudrez de ma lettre…. » À Gudin, il adresse une lettre vraiment attendrissante ; ses souffrances sont terribles ; il est secoué par la toux qui, sans cesse, rouvre ses blessures ; mais, stoïque, souriant, il n’en décrit pas moins le