Page:Hamel - Titien, Laurens.djvu/120

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(Calisto et Diane, Diane et Actéon). On y admire encore la grâce de l’arrangement et la suavité des formes ; ce n’est plus la grande manière de sa maturité. Mais si, dans ces derniers temps, la conception et l’imagination semblent avoir perdu de leur nerf et de leur ressort, Titien pousse la hardiesse de la main jusqu’à l’impeccable témérité. La preuve en est dans une Mise au Tombeau que Philippe II reçut cette même année. Si elle n’est pas comparable à celle du Louvre pour la fermeté du dessin ou la profondeur de l’expression, la liberté de la facture et la virtuosité du pinceau y sont prodigieuses.

En 1559, Titien peignait le Couronnement d’épines du Louvre où l’influence de Michel-Ange se fait sentir par une certaine exagération des mouvements. En 1560, il achève une réunion de portraits de famille qui devait servir de modèle pour les œuvres de ce genre, portraits de la famille Cornaro qui, d’Angleterre sont passés en Amérique. En 1562, il envoyait à Philippe II le Christ au Jardin des Oliviers, un curieux effet de nuit, un Enlèvement d’Europe, et sans doute aussi la Vénus au Miroir avec l’Amour qui est à l’Ermitage. Il annonçait également au roi d’Espagne qu’il travaillait à une grande toile de la Cène qui, achevée en 1564, est encore visible au réfectoire de l’Escurial, mais fort dégradée et presque complètement repeinte. Enfin, il préparait encore pour lui une réplique du Saint Laurent, terminée en 1566. Vasari qui, cette année-là, visita Titien à Venise, s’est exprimé fort sévèrement sur la cupidité du