Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/100

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avant d’aborder les sciences et non pas, au moment où l’on entreprend de suivre des leçons sur une science, chercher à part soi ce qu’on aurait dû apprendre dans les « analytiques ». L’auteur du livre α dit de son côté : « Il faut donc avoir appris quelles exigences on doit apporter pour admettre les assertions en chaque espèce de sciences ; car il est absurde de chercher à la fois les vérités d’une certaine science et quelle est la manière d’être de cette science[1] ». On résumera exactement ces deux textes, semble-t-il, en disant que la logique est une propédeutique. C’est au fond ce qu’ont soutenu les commentateurs, et c’est tout ce qu’il faut pour justifier l’absence de la logique dans la classification des sciences aux livres Ε et Κ de la Métaphysique.

Donc, d’une manière générale, cette classification doit être considérée comme exprimant exactement le plan de la philosophie, tel qu’Aristote l’a conçu et, par conséquent, c’est elle qu’il convient de prendre comme guide pour l’ordre à suivre dans l’exposition de la doctrine d’Aristote. Il faut se garder de remplacer cet ordre, vraiment historique, par un ordre soi-disant meilleur, ainsi que le fait Zeller. Au reste cet ordre artificiel revient en partie à celui qu’indique la classification d’Aristote. Car Zeller répartit son étude en cinq parties successives : logique, métaphysique, sciences de la nature, recherches morales (auxquelles Zeller rattache la rhétorique comme dépendance de la politique), théorie de l’art. Il n’y a qu’un point sur lequel, en définitive, Zeller s’écarte gravement de l’ordre aristotélicien. Il place la métaphysique avant les sciences de la nature, et sa raison est que l’on ne peut comprendre la doctrine sans la théorie des causes, la distinction de l’acte et de la puissance et que ce genre de questions est évidemment métaphysique[2]. Mais cette dernière assertion est, au point de vue aristotélicien, une hérésie. La théorie des quatre causes et la distinction de la puissance et de l’acte sont des généralités qu’Aristote développe là où il en a besoin pour

  1. 3, 995 a, 12-14 : διὸ δεῖ πεπαιδεῦσθαι πῶς ἕκαστα ἀποδεκτέον, ὡς ἄτοπον ἅμα ζητεῖν ἐπιστήμην καὶ τρόπον ἐπιστήμης.
  2. P. 183 vers le bas et sqq.