Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/17

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que, de savoir que Nicomaque était médecin d’Amyntas, sans doute le neveu de Philippe et que celui-ci supplanta : on s’expliquerait ainsi en partie le crédit dont Aristote a joui auprès des princes macédoniens.

Voilà en somme tout ce que nous savons d’Aristote avant son entrée dans l’école de Platon. Revenons au témoignage d’Apollodore, dans Denys et Diogène. Aristote avait dix-sept ans, autrement dit-il, était dans sa dix-huitième année, lorsqu’il se fit inscrire à l’Académie. Quand Eumêlos (D. L. 6) place cet événement dans la trentième année de notre philosophe, ce sont là des fantaisies, dont il faut rapprocher les assertions de Timée et d’Épicure que nous rapporterons tout à l’heure[1]. Aristote demeura dans l’École jusqu’à la mort du Maître, c’est-à-dire pendant vingt ans. — Au lieu de renseignements sur les études d’Aristote, nous n’avons guère que des racontars sans valeur. « Il serait de la plus haute importance, dit excellemment Zeller (p. 8), de savoir quelque chose d’exact sur cette période de la vie du philosophe, sur ces longues années d’études, pendant lesquelles il a posé les fondements de son prodigieux savoir et de son système propre. Malheureusement nos informateurs gardent un profond silence sur l’essentiel, sur la marche et les circonstances particulières de son développement scientifique, pour nous entretenir, à la place, de toute sorte de racontars malveillants sur sa vie et sur son caractère ». C’est ainsi que, d’après Aristoclès de Messène, qui d’ailleurs n’en croit rien, Timée racontait ἐν ταῖς ἰστορίαις qu’il avait assez longtemps gagné sa vie à faire métier d’apothicaire, ou même de charlatan, et que, au dire d’Épicure, ἐν τῇ περὶ τῶν ἐπιτηδευμάτων ἐπιστολῇ. Aristote, après avoir dissipé son patrimoine, aurait dû s’engager comme soldat, puis, y ayant mal réussi, se serait mis à vendre des drogues et n’aurait enfin trouvé son salut qu’auprès de Platon[2]. Mais les ten-

  1. Grote (Aristotle, 1874, p. 3 sq.) fait à ces fantaisies trop d’honneur de les prendre au sérieux ; cf. Zeller, p. 6, n. 3.
  2. Voir les textes dans Zeller, p. 8, n. 2 et 3 ; pour la critique, p. 9, n. 1.