Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/189

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vue du contenu des notions, comme nous disions tout à l’heure, bref au point de vue de la compréhension. Mais, d’une part, il ne s’agit nullement du syllogisme dans le passage des Catégories d’où Trendelenburg a extrait cette formule ; c’est donc par accident qu’Aristote a écrit, dans ce passage, une proposition qui pourrait servir de principe au syllogisme. D’autre part, lorsqu’il s’agit de formuler en connaissance de cause le principe du syllogisme, Aristote tient un langage tout différent. On sait que les logiciens du Moyen-Âge ont fondé le syllogisme sur un principe qu’ils appelaient dictum de omni et nullo. La source de cette expression est certainement dans la fin du premier chapitre du livre I des Premiers analytiques (24 b, 26), où Aristote explique ce que c’est que « d’être dit de tous et de n’être dit d’aucun ». Quant au principe lui-même que les explications en question sont destinées à préparer, il faut plutôt le chercher dans un autre passage que nous indiquerons tout à l’heure (An. pr. I, 4, 25 b, 32). — Voyons les explications préparatoires d’Aristote et tâchons d’en saisir l’importance[1]. « Dire qu’une chose est dans la totalité d’une autre, et dire qu’une chose est attribuée à une autre, celle-ci étant prise universellement, c’est même chose. Et nous disons qu’une chose qui reçoit un attribut est prise universellement, lorsqu’il est impossible de rencontrer aucune partie du sujet dont la seconde chose ne se dise pas. De même pour l’expression : n’être attribué à aucun. » Ne nous occupons ni du dernier membre de phrase : « de même etc. », où les sous-entendus peuvent être aisément rétablis avec un peu d’attention et où il y a plus de brièveté que d’obscurité. Ne nous occupons pas non plus de la phrase qui précède : « Et nous disons… », car elle est fort claire. Restent la première phrase et surtout l’expression ἐν ὅλῳ εἶναι, « être dans la totalité d’une chose ». Elle ne signifie pas que l’attribut est dans tout le sujet ; car alors cette

  1. An. pr. I, 1, 24 b, 26 : τὸ δὲ ἐν ὅλῳ εἶναι ἕτερον ἑτέρῳ καὶ τὸ κατὰ παντὸς κατηγορεῖσθαι θατέρου θάτερον ταὐτόν ἐστιν. λέγομεν δὲ τὸ κατὰ παντὸς κατηγορεῖσθαι, ὅταν μηδὲν ᾖ λαβεῖν τῶν τοῦ ὑποκειμένου καθ’ οὗ θάτερον οὐ λεχθήσεται· καὶ τὸ κατὰ μηδενὸς ὡσαύτως.