Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

depuis les nouvelles recherches sur la chronologie des dialogues, que plusieurs d’entre eux contiennent au moins des allusions aux objections élevées par Aristote, dans l’Académie même, contre la théorie des Idées. À la vérité ceci ne prouverait pas des relations amicales. Mais, sans insister plus qu’il ne convient sur ce que la tradition nous apprend de l’estime en laquelle Platon aurait tenu la pénétration de l’esprit d’Aristote et son zèle pour l’étude[1], il semble que les preuves précédentes doivent suffire : la vivacité de la critique n’a pas empêché l’estime et l’amitié chez le maître, le respect et l’admiration de la part du disciple.

Rien dans tout cela malheureusement ne nous renseigne sur les études d’Aristote à l’Académie. Nous n’avons aucun détail, et nous sommes réduits à penser qu’il n’a pu manquer d’y apprendre tout ce qui s’y enseignait. Peut-être a-t-il accordé à l’étude des sciences de la nature plus de développement qu’on n’avait coutume de le faire dans l’école de Platon[2]. Il y a joint aussi sans doute une étude plus attentive de la rhétorique. Dès cette époque il donna probablement, sous le patronage de l’Académie, des leçons de rhétorique pour lutter contre l’enseignement d’Isocrate[3], et c’est là, semble-t-il, ce qui a donné naissance à la tradition mensongère d’après laquelle, comme on l’a vu, il aurait ouvert, du vivant de Platon, une école rivale de philosophie.

Si maintenant nous revenons au cadre chronologique par Apollodore et aux notices biographiques de Denys et de Diogène, nous voyons qu’Aristote, à la mort de Platon, se rend auprès d’Hermias, tyran d’Atarnée et d’Assos en Mysie, avec lequel il s’était lié pendant le temps que celui-ci avait passé dans l’école de Platon. C’est en l’honneur de ce prince, ou en souvenir de lui, qu’Aristote a écrit son

  1. Platon admirait à ce point l’ἀγχίνοια d’Aristote qu’il appelait celui-ci, raconte Philopon, νοῦς τῆς διατριβῆς, « la tête de l’École ». D’après le Ps. Ammon, il le nommait « le liseur » (ὁ ἀναγνώστης). Cf. Zeller, 14, 1 et II 1⁴, 989, 2.
  2. Zeller, p. 18, n. 1.
  3. Ibid., n. 2 et 3.