Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/217

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fait de notre mineure, et, si la conclusion exprime en termes de possibilité quelque chose d’impossible, cette impossibilité ne pourra venir que de la majeure. Voici donc notre syllogisme par l’absurde, syllogisme de la 3e figure :

Il n’est pas possible que tout Γ soit Α ;
Or tout Γ est Β ;
Donc il n’est pas possible que quelque Β soit Α.

La conclusion est absurde, puisqu’elle contredit notre première majeure : Tout Β est Α ; donc notre première conclusion est démontrée. Au reste notre syllogisme de la 3e figure peut à son tour se démontrer par l’absurde en bArbArA. Nous dirions :

Il est possible que tout Β soit Α ;
Or tout Γ est Β ;
Donc il est possible que tout Γ soit Α

(34 a, 34-34 b, 6)[1].

Nous venons de justifier les syllogismes à mineure contingente, lorsque la conclusion est affirmative. Lorsque la conclusion est négative, avons nous dit, la conclusion n’est plus une véritable contingente : elle énonce seulement une non-nécessité. Voici comment cela s’établit. Nous prendrons un exemple, au lieu des simples lettres que donne Aristote. Soit le syllogisme suivant :

Nul sage n’est envieux ;
Or il est possible que tous les hommes soient sages ;
Donc il est possible que nul homme ne soit envieux.
  1. Le sens des cinq lignes (34 b, 2-6) consacrées à cette dernière démonstration par l’absurde, est assez difficile à établir. Waitz (ad 34 b, 3, p. 411) pense qu’il s’agit d’une autre forme de la première démonstration. Mais il est obligé d’admettre qu’Aristote s’est trompé. Comme, au point où nous en sommes, nous ne savons rien encore de la valeur d’un syllogisme en fElAptOn dont une des prémisses est contingente et l’autre assertorique, Aristote peut avoir songé à lever tout scrupule en faisant remarquer qu’un tel syllogisme se démontre au besoin par l’absurde. Et peu importe qu’il y ait a une telle démonstration des difficultés, puisqu’Aristote a bien entrepris de démontrer par l’absurde le mode bOcArdO. Cf. 21, 39 a, 32.