Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/251

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des substances naturelles et générables, si l’on veut procéder correctement, puisque tels sont le nombre et la nature des causes et qu’on doit chercher les causes[1]. » — On voit comment Aristote est poussé dans deux directions opposées, pour n’avoir pas dégagé son propre point de vue de celui de son maître. Il est à croire qu’il les concilie tous les deux, autant que faire se peut, en admettant que l’universel, qu’il s’agit d’invoquer comme cause d’une classe de phénomènes, est pourtant restreint aux limites de cette classe : c’est le terme le plus universel, mais parmi des termes spécifiquement déterminés. Cela s’accorde avec la doctrine fameuse, qu’il n’est pas possible de passer d’un genre à un autre et de démontrer une science plus concrète par les principes d’une science plus abstraite sans rien ajouter à ces principes (An. post. I, 7), propositions dans lesquelles s’affirme le plus véritable esprit d’Aristote. L’universel d’où part la démonstration scientifique n’est jamais que la définition, laquelle est, par construction, spécifique et contient au besoin les caractères de l’espèce dernière elle-même. Cela n’empêche pas que le point de vue de l’extension tendait à orienter dans un autre sens la théorie aristotélicienne de la science.

Mais il faut reconnaître, non seulement que le point de vue de la compréhension s’est imposé en majeure partie à Aristote, mais encore qu’il devait s’imposer à lui. Sans doute, au-dessous de l’espèce dernière il reste encore l’individu, et décidément la science aristotélicienne ne l’atteint pas : exception grave, car à vrai dire le déterminisme de la nature est individuel, ou du moins les notions qu’il enchaîne et l’enchaînement qu’il met entre elles sont sans extension, ou bien encore n’ont de l’extension qu’à titre tout à fait accessoire. Il est donc fâcheux qu’Aristote s’en soit tenu à la théorie

  1. Η, 4, 1044 a, 32 : ὅταν δὴ τις ζητῇ τὸ αἴτιον, ἐπεὶ πλεοναχῶς τὰ αἴτια λέγεται, πάσας δεῖ λέγειν τὰς ἐνδεχομένας αἰτίας. οἷον ἀνθρώπου τίς αἰτία ὡς ὕλη ; ἆρα τὰ καταμήνια. τί δ’ ὡς κινοῦν ; ἆρα τὸ σπέρμα. Τί δ’ ὡς τὸ εἶδος ; τὸ τί ἦν εἶναι. τί δ’ ὡς οὗ ἕνεκα ; τὸ τέλος. ἴσως δὲ ταῦτα ἄμφω τὸ αὐτό. δεῖ δὲ τὰ ἐγγύτατα αἴτια λέγειν. τίς ἡ ὕλη ; μὴ πῦρ ἢ γῆν, ἀλλὰ τὴν ἴδιον. περὶ μὲν οὖν τὰς φυσικὰς οὐσίας καὶ γενητὰς ἀνάγκη οὕτω μετιέναι, εἴ τις μέτεισιν ὀρθῶς, εἴπερ ἄρα αἴτιά τε ταῦτα καὶ τοσαῦτα καὶ δεῖ τὰ αἴτια γνωρίζειν.