Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/266

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Elles sont acquises par l’induction. Celle-ci à son tour suppose d’ailleurs quelque chose avant elle, à savoir, dans la mesure du moins où elle s’en distingue, la sensation[1]. Ayant pour rôle de fournir l’universel, l’induction se définit naturellement pour Aristote le passage du particulier au général[2].

La doctrine sur l’induction présente deux points principaux qu’on ne peut pas du reste distinguer absolument : la théorie logique et, pour ainsi dire, le mécanisme de l’induction, puis l’interprétation approfondie de l’induction.

La théorie logique de l’induction est contenue dans un passage célèbre et difficile des Premiers Analytiques (II, 23). Nous allons d’abord le traduire, nous essayerons ensuite de l’expliquer : « L’induction et le syllogisme inductif, dit Aristote, consistent à conclure, en s’appuyant sur le second des extrêmes [le mineur], que l’autre extrême est attribut du moyen. Par exemple Β étant moyen entre Α et Γ, on montrera, en s’appuyant sur Γ, que Α appartient à Β. C’est ainsi en effet que nous constituons nos inductions. Supposons qu’on désigne par Α le fait de vivre longtemps, par Β celui d’être sans fiel, par Γ les êtres particuliers qui vivent longtemps, savoir : homme, cheval, mulet. Cela posé, Γ dans toute son extension possède l’attribut A, car tout animal sans fiel vit longtemps. Mais Γ, dans toute son extension, a aussi pour attribut Β, le fait d’être sans fiel. Si donc Γ se réciproque avec Β, ce moyen-terme n’ayant pas plus d’extension que Γ, il faut que Β possède l’attribut Α. Nous avons en effet montré antérieurement [22, 68 a, 21] que, si deux attributs appartiennent au même sujet et que cet extrême se réciproque avec l’un d’eux, celui des deux attributs qui, par la réciprocation, aura pris la place du sujet possédera l’autre attribut. Il faut ici penser Γ comme composé de tous les êtres particuliers à considérer, car l’induction doit se faire par le moyen

  1. An. post. I, 1 début et 18, 81 b, 5 ad fin. ; Éth. Nic. VI, 3, 1139 b, 26-31 ; Métaph. Α, 9, 992 b, 30-33.
  2. Top. I, 12, 105 a, 13 : … ἐπαγωγὴ δὲ ἡ ἀπὸ τῶν καθ’ ἕκαστον ἐπὶ τὰ καθόλου ἔφοδος.