Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/268

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que nous avons vu que, d’une manière générale, si un sujet qui possède deux attributs se réciproque avec l’un d’eux, celui-ci possède le second de ces attributs. Cela posé, le sens du passage d’Aristote nous paraît être le suivant. Si nous nous supposons placés au point de vue de l’ordre de la nature, nous ferons ce syllogisme :

Tous les animaux sans fiel vivent longtemps ;

Or l’homme, le cheval et le mulet sont des animaux sans fiel ;

Donc l’homme, le cheval et le mulet vivent longtemps.

Soit : Β est Α, Γ est Β, Γ est Α. Le moyen, le fait que certains animaux sont sans fiel, est, comme dans tout syllogisme constitué conformément à l’ordre de la nature, la raison véritable de la conclusion. C’est lui qui prouve et explique que le majeur est l’attribut du mineur. Mais, quand il y a lieu d’induire, nous ne sommes pas en possession de l’ordre de la nature (An. post. I, 2, 71 b, 33 sqq. ; Phys. I, 1 déb.). L’induction est, comme le dit expressément Aristote à la fin de notre texte, une opération inverse et relative à nous : nous en trouverons donc l’expression syllogistique en renversant le syllogisme conforme à l’ordre de la nature ; de la conclusion nous ferons la majeure, puis, dans la mineure, nous ferons du moyen le mineur, tandis que le mineur, à son tour, deviendra le moyen. Ainsi nous montrerons à l’aide du mineur que le majeur est un attribut du moyen, ou du moins de ce qui est le moyen dans le syllogisme conforme à l’ordre de la nature. Mais, pour qu’il soit possible de mettre ainsi le mineur à la place du moyen, il faut que le moyen n’ait pas plus d’extension, car il pourra se réciproquer avec lui et il pourra recevoir pour attribut le majeur. Or pour cela il faut que le mineur embrasse tous les individus de la classe représentée par le moyen. En d’autres termes l’induction ne peut s’exprimer sous forme syllogistique que dans le cas où elle se fait par énumération complète. Voici donc comment se présente le syllogisme inductif :

L’homme, le cheval et le mulet vivent longtemps ;

Or tous les animaux sans fiel sont l’homme, le cheval et le mulet ;