Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/274

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extérieur, sans sortir du phénomène individuel constitué par un passage donné du noir au blanc, il faut que la permanence requise réside dans ou sous ce phénomène même. Il y aura donc sous le changement quelque chose qui ne change pas. En second lieu, ce quelque chose qui a persisté sous le changement, et qui possédera l’attribut apporté par le changement comme il possédait l’autre attribut, n’est pourtant pas quelque chose qui reste indifférent sous le changement et n’en soit pas affecté. Il faut que l’attribut apporté par le changement convienne à la chose, c’est-à-dire, pour considérer ici cette relation de convenance sous son aspect négatif, il faut que l’attribut apporté par le changement fasse défaut dans la chose avant le changement, il faut que cet attribut soit une détermination qui manque à la chose. Ainsi la matière, dans le changement, est sujet et de plus sujet indéterminé. — Ces deux caractères de la matière, nous pouvons les lui retrouver par une analyse faite du point de vue statique. Considérons une chose artificielle qui ait de l’unité et, dans une certaine mesure du moins, constitue un être. Soit, par exemple, une statue. Nous apercevons facilement que cette chose est un composé (σύνολον). En effet la statue est limitée par des surfaces, dont la combinaison représente la figure d’un personnage, réel ou idéal. Mais, d’autre part, il y a sous ces surfaces quelque chose dont la statue est faite, de l’airain par exemple. Si nous enlevions ces surfaces une aune, la statue perdrait tout ce qui la détermine ; mais il resterait quelque chose qui lui sert de sujet et qui même, en un sens, pourrait paraître ce qu’il y a en elle de plus substantiel, puisque c’est ce qui persiste le plus obstinément sous les abstractions successives qu’on fait subir à la chose. Si, au lieu d’une chose artificielle, nous considérions maintenant une de ces substances sensibles véritables dont personne ne conteste l’existence (cf. Métaph. Λ, 1, 1069 a, 30), un animal, une plante, un corps simple tel que de l’eau ou du feu, nous pourrions répéter la même analyse. Nous pourrions toujours par la pensée regarder la chose comme composée des déterminations et de ce qui est déterminé, puis enlever les déterminations. Comme résidu de l’opéra-