Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/332

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aucune proportion entre les temps occupés par le repos, d’une part, et, de l’autre, par le mouvement. À cet arbitraire et à ce désordre de doctrines artificielles, qui ne peuvent évidemment rien avoir de commun avec la nature, puisque celle-ci n’agit jamais sans raison ni sans régularité, la démonstration de l’éternité du mouvement met fin. Mais l’éternité du mouvement est bien loin d’être une réponse dernière au problème que soulève l’existence du mouvement. Ce fut un tort chez Démocrite que de ramener toute explication des choses naturelles à cette formule : cela est ainsi, parce que cela se faisait déjà ainsi antérieurement. Les seules vérités éternelles dont il n’y ait pas à rendre raison sont les principes. Nulle autre vérité n’est dispensée par son éternité de produire ses raisons : la somme des angles d’un triangle est éternellement égale à deux droits ; mais il y a dans l’essence du triangle une raison de cette vérité éternelle. Ainsi nous avons à rechercher la cause du mouvement éternel (252 a, 3 à la fin du chap.).

Avant de nous y appliquer, il convient toutefois de répondre aux objections qu’on peut élever contre l’éternité du mouvement. Elles sont au nombre de trois : 1o Tout mouvement est borné par son point de départ et par son terme ; donc il n’y a point de mouvement infini, c’est-à-dire point de mouvement éternel ; 2o si le mouvement était éternel, nous ne verrions pas certains sujets, et tout d’abord des choses inanimées, commencer de se mouvoir lorsqu’un moteur extérieur intervient ; 3o les êtres animés présentent d’une manière bien plus frappante encore ce spectacle d’un mouvement commençant : ce qui est possible dans le petit monde qu’est l’animal doit l’être aussi dans le monde et, au besoin même, si l’on pouvait admettre l’existence d’un tel être, dans l’Infini (2 déb.-252 b, 28). — La première objection repose sur un fait exact, mais indûment généralisé. Il y a beaucoup de mouvements finis. Et certains mouvements, tel par exemple celui d’une corde qui rend pendant un certain temps le même son, ne consistent que dans une succession de mouvements, pareils entre eux mais différents, et ne sauraient passer pour constituer un mouvement numériquement un. Mais cela n’empêche pas