Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/377

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Aristote, dans un autre vivant de même espèce qui a imprimé au germe un mouvement régulier et concerté tel que peut le donner une activité finale (cf. p. ex. Métaph. Λ, 7, 1072 b, 30 et De gen. an., II, 1, 733 b, 23-734 b, 19). Il n’y a d’exception que pour un petit nombre d’êtres inférieurs qui peuvent, par génération spontanée, naître de la pourriture (ibid., III, 11, 762 a, 8). La théorie de la formation des vivants au moyen d’une réunion accidentelle d’organes et de la survivance des plus aptes, enseignée par Empédocle, est réfutée dans tout un chapitre de la Physique (II, 8). Enfin qu’est-ce qu’un corps qui a la vie en puissance, c’est-à-dire considéré à part de l’âme qui est sa forme et son acte ? C’est un corps organique, autrement dit un corps dans lequel l’âme a tous les instruments qui lui sont nécessaires pour exercer ses fonctions (De an. II, 1, 412 a, 27-b, 5). La nature apporte d’ailleurs le plus grand soin et la plus grande sagesse à pourvoir ainsi les âmes des instruments les mieux faits pour favoriser leurs actions : à l’éléphant, qui devait vivre dans l’eau autant que dans l’air, elle a donné une trompe pour rendre la respiration facile ; à chaque espèce d’oiseaux elle a donné un bec approprié au genre de nourriture requis, etc.[1].

Quoi qu’il faille penser de cette profonde théorie de la vie, Aristote, en abordant les parties moins métaphysiques de sa biologie, a rencontré nombre d’idées dont la valeur est unanimement reconnue. L’une des plus remarquables est sa distinction des homéomères et des anhoméomères (De part. an., II, 1). Les homéomères sont ces parties des vivants qu’on peut diviser en parties de même espèce, tandis que les anhoméomères se résolvent en parties dissemblables entre elles. Parmi les homéomères, on peut citer les vaisseaux, le sang, la chair, les ongles, les poils, la graisse, etc. Les anhoméomères sont au contraire des parties telles que le visage ou la main. La distinction d’Aristote revient donc à peu près à celle que nous faisons entre les tissus et les organes, et on comprend tout de suite que la portée en est immense. De même que, en essayant de

  1. Cf. Zeller, p. 488, n. 3 et p. 493, n. 2.