Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/399

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turel et de surhumain, ἀπαθής, ἀμιγής, ἀθάνατον, ἀίδιον[1]. Et ailleurs il déclare qu’il entre du dehors, θύραθην, dans le corps de l’embryon[2]. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’intellect qui fait semble bien être un autre genre d’âme[3]. Des commentateurs et, parmi eux, Alexandre[4] estimeront que cet intellect est Dieu même pensant en nous. Aristote a laissé le problème sans solution, ou plutôt peut-être il a volontairement évité de le poser.

Nous en avons maintenant fini avec la théorie de la pensée proprement dite ; il nous reste à parler de la fonction motrice de l’âme. — Toutefois nous devons dire d’abord quelques mots sur la théorie du plaisir. Le plaisir, c’est-à-dire le seul phénomène affectif dont Aristote ait parlé avec quelque détail, le plaisir, avons-nous dit, ne constitue pas dans l’âme un ordre à part. Nous allons voir en effet qu’il tient à la fois à la pensée et à la fonction motrice, surtout à celle-ci dont il n’est, à vrai dire, qu’un accessoire. Le plaisir ressemble à la pensée en ce qu’il est comme elle quelque chose d’actuel, d’intemporel et d’un Aristote le compare spécialement à la vision, qui, comme on sait, était pour lui un phénomène instantané[5]. D’un autre côté,

  1. Suite de la citation du De an. dans l’avant-dernière note, 430 a, 17 : καὶ οὗτος ὁ νοῦς χωριστὸς καὶ ἀπαθὴς καὶ ἀμιγής, τῇ οὐσίᾳ ὢν ἐνέργεια [plutôt que ἐνεργείᾳ, cf. Rodier, ad loc. p. 462]. 22 : χωρισθεὶς δ’ ἐστὶ μόνον τοῦθ’ ὅπερ ἐστί, καὶ τοῦτο μόνον ἀθάνατον καὶ ἀΐδιον. 4, 429 a, 24 : οὐδὲ μεμῖχθαι εὔλογον αὐτὸν [il s’agit de l’intellect passif (cf. p. 385 n. 3) : mais c’est encore plus vrai de l’intellect actif ; voir note suivante] τῷ σώματι· ποιός τις γὰρ ἂν γίγνοιτο, ἢ ψυχρὸς ἢ θερμός, κἂν ὄργανόν τι εἴη, ὥσπερ τῷ αἰσθητικῷ… Cf. b, 4 sq.
  2. De gen. anim. II, 3, 736 b, 27 : λείπεται δὴ τὸν νοῦν μόνον θύραθεν ἐπεισιέναι καὶ θεῖον εἶναι μόνον· οὐθὲν γὰρ αὐτοῦ κοινωνεῖ σωματικὴ ἐνέργεια.
  3. De an. II, 3, 430 b, 25 : …ἔοικε ψυχῆς γένος ἕτερον εἶναι, καὶ τοῦτο μόνον ἐνδέχεσθαι χωρίζεσθαι, καθάπερ τὸ ἀΐδιον τοῦ φθαρτοῦ.
  4. Par exemple De an. 89, 17 Bruns : τοιοῦτον δὲ ὂν [i. e. ἐνέργεια καὶ εἶδος χωρὶς δυνάμεώς τε καὶ ὕλης] δέδεικται ὑπ Ἀριστοτέλους τὸ πρῶτον αἴτιον, ὃ καὶ κυρίως ἐστὶ νοῦς. τὸ γὰρ ἄυλον εἶδος ὁ κυρίως νοῦς. De an. lib. alter 108, 22 : … θύραθέν ἐστι λεγόμενος νοῦς ὁ ποιητικός, οὐκ ὢν μόριον καὶ δύναμις τις τῆς ἡμετέρας ψυχῆς, ἀλλ’ ἔξωθεν γινόμενος ἐν ἡμῖν. Cf. Zeller, III, 1⁴, 826, 3.
  5. Éth. Nic. X, 3 (4) déb. : δοκεῖ γὰρ ἡ μὲν ὅρασις καθ’ ὁντινοῦν χρόνον τελεία εἶναι…· τοιούτῳ δ’ ἔοικε καὶ ἡ ἡδονή. ὅλον γάρ τι ἐστίν…