Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/64

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reste qu’Alexandre reconnaissait l’opposition de méthode mentionnée par Élias, le pseudo-Ammonius et Simplicius[1].

Passons maintenant des commentateurs d’Aristote aux autres témoins et remontons aussi haut que possible dans l’ordre chronologique. — Clément d’Alexandrie oppose parmi les écrits d’Aristote les ἐσωτερικά et les κοινά τε καὶ ἐξωτερικά. Si les ἐσωτερικά prennent chez lui un sens mystique, c’est là une circonstance accessoire qui n’est d’ailleurs pas propre à Clément : nous allons la retrouver ailleurs. Et du reste, malgré toute son intelligence, Simplicius lui-même, sous la pression du milieu, n’hésite pas à écrire cette proposition déraisonnable qu’Aristote a affecté l’obscurité dans ses écrits acroamatiques[2]. Plutarque, qui donne aussi la même note mystique sur les ἀκροαματικά dans la Vie d’Alexandre, distingue ailleurs les ἐξωτερικά des autres écrits et en même temps il identifie les ἐξωτερικά avec les dialogues : διὰ τῶν ἐξωτερικῶν διαλόγων, dit-il. Aulu-Gelle oppose les ἀκροατικά et les ἐξωτερικά[3]. — Avec le témoignage d’Aulu-Gelle nous quittons l’époque des Antonins pour passer à celle d’Auguste. Strabon nous dit que les écrits exotériques d’Aristote n’étaient pas propres à permettre à ceux qui n’avaient pas d’autre aliment de philosopher véritablement (φιλοσοφεῖν πραγματικῶς) : ceux-là ne pouvaient qu’amplifier des thèses (θέσεις ληκυθίζειν) : ce qui consacre la distinction des deux classes d’écrits, en faisant des écrits exotériques des ouvrages dialectiques. Cicéron dans le De finibus dit qu’Aristote et Théophraste ont laissé deux genres

  1. Cat. 115, 3-5, Busse (Schol. 21 b, 33) ; cf. Zeller, 117, 1. La même opinion est rapportée par le ps.-Ammonius, mais sans qu’Alexandre soit nommé (τινὲς μὲν οὖν… 4, 20).
  2. Clément, Strom. V, 575 A ; Simplicius, Phys. 8, 18, Diels. Cf. Zeller, p. 116, n. 3 et 4.
  3. Plut. Alex. 7 ; Adv. Col. 14, 1115 b. — Aulu-Gelle N. Att. XX, 5 : « Ἐξωτερικά dicebantur quae ad rhetoricas meditationes facultatemque argutiarum (ces derniers mots sont à remarquer) civiliumque rerum notitiam conducebant, ἀκροατικά autem vocabantur in quibus philosophia remotior subtiliorque agitabatur quaeque ad naturae contemplationes disceptationesque dialecticas pertinebant. » — Cf. Zeller, 115, 6, 7 ; 116, 3.