Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/81

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(φυσικὸς λόγος) principalement, s’est beaucoup rapproché d’Aristote[1], et Cicéron nous rapporte ailleurs que Panétius avait sans cesse à la bouche Aristote et Théophraste. Enfin ce même Cicéron nous apprend que le stoïcien Hérille de Carthage, disciple indépendant de Zénon, a incliné sur certains points de morale vers le Péripatétisme. Les Mégariques, qui, du vivant d’Aristote, avaient été pour lui des adversaires acharnés, ont continué, après lui, leur polémique contre sa doctrine. Nous savons que le dernier des Mégariques, Stilpon a écrit un dialogue intitulé Aristote. De son côté enfin l’épicurien Hermarque avait écrit un πρὸς Ἀριστοτέλην. Nous enfermons-nous maintenant dans l’École d’Aristote ? Cicéron nous assure que Critolaüs a voulu imiter les anciens maîtres de l’École, c’est-à-dire Théophraste et Aristote[2]. Mais le grand fait qui prouve que les livres d’Aristote n’ont pas disparu avec Théophraste, c’est l’activité philosophique de son successeur Straton. Ce penseur, le plus original entre les Péripatéticiens, a tantôt suivi, tantôt contredit Aristote, et il ne pouvait sans doute ni l’un ni l’autre, sans se référer d’une façon précise aux textes du maître. Nous verrons tout à l’heure qu’il y a là plus qu’une présomption. — On possède, avons-nous dit, des preuves qu’il y avait des copies d’Aristote en dehors de la bibliothèque de Théophraste. D’abord, les deux lettres apocryphes, accueillies par Andronicus, montrent qu’il était de notoriété publique qu’Aristote avait publié, au moins dans une certaine mesure, ses écrits scientifiques. D’autre part, dans l’École de Théophraste qui comptait, semble-t-il, un grand nombre d’élèves[3], comment aurait-on pu se passer de copies d’Aristote ? N’était-ce pas le premier instrument de

  1. Voir Zeller, III a⁴, 599, 1.
  2. Cf. Zeller, p. 146 sq. — Les textes de Cicéron sont, dans l’ordre où ils ont été allégués, De fin. V, 25, 73 ; IV, 38, 79 ; V, 5, 14. Pour les deux autres faits, cf. Diog. La. II, 120 et X, 25.
  3. Diog. parle (V, 37) de deux mille élèves, sans qu’on puisse savoir s’il s’agit du nombre des élèves pendant toute la durée de l’enseignement de Théophraste, ou de son auditoire à un moment donné. Cf. Zeller, p. 807, 4.