elles faisaient partie et aux personnalités qu’elles exprimaient, les différentes philosophies devenaient incomparables les unes aux autres. On pouvait encore chercher comment chacune d’elles se reliait à ses devancières, mais il ne pouvait plus être question d’apprécier leur valeur doctrinale ; car, pour cela, il eût fallu les sortir de l’histoire.
Ce qui fait la manière propre d’Hamelin, c’est qu’il combina très heureusement ces deux méthodes, mais en les transformant.
Nul n’est plus que lui préoccupé de laisser à chaque système sa couleur locale, d’en reconstruire l’économie interne telle que l’a conçue son auteur. Nul ne s’efforce avec plus de méthode de les situer historiquement : on verra dans le présent ouvrage avec quel soin il s’est attaché à mesurer les diverses influences qu’a pu subir la pensée de Descartes, en même temps qu’à déterminer ce qu’elle paraît avoir d’irréductible à tout antécédent historique. Mais, d’un autre côté, il ne perd pas de vue que les systèmes philosophiques apportent des réponses à des questions qui ne sont pas d’un temps, qui ne dépendent pas de telle ou telle individualité ni de telle combinaison de circonstances, parce qu’elles sont posées à l’esprit humain par les choses elles-mêmes. Ces questions sont toujours vivantes, toujours discutées : par suite, la manière dont elles ont été traitées et résolues dans le passé ne peut pas n’être pas instructive pour nos débats d’aujourd’hui. Ce n’est pas qu’on puisse songer à détacher purement et simplement telle ou telle solution de son ambiance historique pour la transporter brutalement dans notre époque. De tels anachronismes ne seraient plus aujourd’hui défendables. Mais les résistances qu’une conception a rencontrées dans l’histoire, les difficultés au milieu desquelles elle s’est débattue, la manière dont elle a essayé d’en triompher, ses tâtonnements, ses échecs mêmes, tout cela constitue autant