Page:Hamelin - Le Système de Descartes.djvu/27

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à l’algèbre sa constitution définitive, et qui a le plus approché de l’interprétation géométrique des équations, et Viète. Or les déclarations expresses de Descartes établissent qu’il n’a lu Viète qu’a l’âge de trente-trois ans[1], c’est-à-dire à une époque (1629) ou sa Géométrie n’était pas publiée sans doute, mais existait déjà dans sa pensée. D’autre part Viète s’était surtout formé par la lecture de Diophante, et d’ailleurs, d’une manière générale, il faut reconnaître que les mathématiciens grecs avaient dans leur théorie de la proportion toute une algèbre[2]. Pour ce qui est de la géométrie, c’est bien autre chose encore : la il est manifeste que les vrais maîtres de Descartes sont directement les anciens et qu’il reprend la science où les Collections mathématiques de Pappus l’avaient laissée. Avec l’astronomie, au contraire, nous approchons de la physique et, dans ce nouveau domaine, ce sont les modernes qui ont instruit Descartes. D’une part le nombre et la variété des faits astronomiques ont singulièrement augmenté dès qu’on a été en possession des lunettes ; de l’autre, le système du monde a été placé sur de nouvelles bases de Copernic à Képler. Enfin la physique, au sens scientifique du mot, est une création des modernes. Quoiqu’il soit assez malaisé de comprendre que les anciens ne se soient pas avisés, sauf dans des cas très particuliers comme les éléments de l’optique, d’appliquer les mathématiques a l’étude de la nature, le fait est hors de doute. Ils ont connu pour les besoins de leur industrie des manipulations techniques assez compliquées et ils ont même essayé quelquefois des expériences scientifiques. Mais précisément

  1. Voy. Baillet, I. 30, II, 539, qui renvoie à trois lettres de Descartes. Comparer les deux lettres à Mersenne de fin déc. 1637 (I 47929 sq.) et 20 fév. 1639 (II, 52410_12. Voir en outre Corresp. I, 2457 (248 note) ; II, 8210 ; III, 16719) ; IV, 2287 (231 n.), 55416 ; V, 503-506, 508-512.
  2. Maximilien Marie, Hist. des Sciences mathématiques, t. I.