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CINQUIÈME LEÇON
La Loi


Des preuves générales, puis des preuves spéciales ont établi, selon M. Renouvier, qu’on ne peut parler que des phénomènes, et par conséquent qu’il n’existe que des phénomènes. Mais cette formule comporte plusieurs acceptions. Le mot de phénomène peut en effet être pris dans un sens restreint ou dans un sens large. Nous avons vu M. Renouvier repousser le sens restreint pour le mot représentation : il n’a nullement consenti à faire de représentation le synonyme de représentation sensible. Son attitude est la même à propos du mot phénomène. On pourrait entendre par phénomène le fait pur et simple pris en soi, disons si l’on veut la sensation amputée de tout ce qui mène jusqu’à elle et de tout ce qui la prolonge. Mais il y a une autre interprétation du même terme et c’est cette interprétation plus étendue que M. Renouvier choisit. Le phénomène n’est pas seulement fait, n’est pas seulement terme, il est aussi, il est surtout rapport. Représentation et relation sont des termes d’extension égale : Tout est relatif, ce grand mot du scepticisme, et par conséquent ce dernier mot de la philosophie antique dont le scepticisme tire la conclusion, doit être le premier mot de la méthode moderne (Log., I, 71[1]).

  1. Ce mot est aussi, peut-être, une réminiscence de la maxime fameuse d’Aug. Comte : « Tout est relatif, voilà le seul principe absolu. » Elle se trouve dans un opuscule écrit en 1817, au temps où Aug. Comte était encore saint-simonien. Le rapprochement confirmerait ce qu’Hamelin a dit, dans la première leçon, de l’influence de Comte et il s’accorde avec ce qui va suivre.