Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/94

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science universelle. Ainsi tout savoir, quel qu’il soit, porte sur des lois : les lois sont la fin théorique de la connaissance. Pourquoi cela, ou, si on aime mieux, comment la loi est-elle qualifiée pour servir d’objet au savoir ? Le savoir se propose d’atteindre la réalité, de représenter la réalité par la vérité. Or, qu’est-ce que la vérité ? Il n’y a rien à changer à la définition traditionnelle. La vérité est bien, comme on le disait, la conformité de l’idée avec son objet. Il ne s’agit que de comprendre cette définition, et c’est ce dont la doctrine qui fait consister l’objet du savoir dans des lois fournit seule le moyen. La conformité de l’idée avec son objet, ce n’est rien de moins que l’identité des rapports représentatifs avec les rapports des choses entre elles. Pour rendre possible une telle identité, il faut évidemment que les deux sortes de rapports n’appartiennent pas à deux mondes différents. Or la communauté de nature demandée a lieu dans la doctrine qui définit la réalité par des lois de phénomènes puisque les lois des phénomènes sont des phénomènes et n’existent, tout comme les rapports représentatifs, que dans la représentation Reste seulement à voir comment les rapports représentatifs et les rapports des phénomènes peuvent parfois n’être pas identiques, car cette divergence possible entre les deux est indispensable pour qu’on puisse parler de conformité et d’identité entre les deux ordres de rapports et faire consister le vrai dans une telle identité. La divergence et l’identité sont possibles l’une et l’autre parce qu’il faut distinguer entre une représentation individuelle sujette à des perturbations et une représentation en général ou possible, affranchie de ces perturbations. L’accord des deux sortes de représentations constitue l’identité demandée ou la vérité. La loi est l’être et en même temps elle est l’objet du connaître : en elle et par elle l’être et le connaître sont la même chose, et, comme la loi est générale, l’accord de l’être avec le connaître, portant ainsi sur le général, peut être vérité. Le phénoménisme, en tant qu’il adjoint les lois aux faits, réussit à constituer l’être en tout ce qu’il a d’explicable et à rendre possible le savoir.