Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/198

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Japon dans ces femmes débraillées, ces boutiquiers bruyants et violents, ces rues mal tenues. La modestie, la propreté et la politesse, qui caractérisent à un si haut point les Japonais, sont ici totalement absentes. C’est la transplantation qui les a ainsi métamorphosés. Le marchand s’est changé en une brute tapageuse ; l’homme de peine est impudent, violent, et en général un rebut de la société, plus disposé à voler qu’à travailler. Patrons et ouvriers terrorisent également les Coréens, qui craignent pour leur vie chaque fois qu’ils ont affaire à des Japonais. Avant la guerre sino-japonaise, cet esprit n’était pas aussi visible dans la capitale du Royaume Ermite. À la suite des succès remportés dans cette campagne, les Japonais devinrent tellement agressifs à l’égard du peuple, que si les Coréens avaient eu le choix entre deux maux, ils auraient préféré la domination chinoise à l’état de choses dont ils souffraient. L’admiration universelle que valut aux troupes japonaises leur conduite dans la campagne de 1900-1901 au nord de la Chine, a encore accru la vanité et l’égoïsme de ces Japonais de Corée. Convaincus de leur supériorité innée, leur violence vis-à-vis des Coréens s’exerce sans frein. Elle menace aujourd’hui de prendre des proportions inusitées. Si les relations entre les puissances doivent continuer sur un pied satisfaisant en Corée, il faudra bien que le gouvernement japonais se décide à mettre un terme à des abus, qu’à l’unanimité, les étrangers, les Coréens, voire des Japonais même, ont dénoncés.