La baie est protégée par les montagnes, et ses avantages naturels, à cet égard, lui donnent une valeur spéciale comme base d’opérations navales. Le chenal qui mène au port est large, profond et libre d’obstacles. Les îles nombreuses situées autour de l’embouchure permettraient d’en fortifier solidement les approches. En plus de la facilité d’accès, il y a une profondeur moyenne d’environ neuf brasses et le fond du port ne s’envase pas. La mer est libre de glaces en hiver, malgré le froid très rude de cette région. L’eau de source qu’on y trouve est inépuisable ; et, dans la saison, il y a les plaisirs très variés qu’apportent la chasse et la pêche. Mais ce sont là des qualités accessoires. Si ce port était fortifié et converti en station navale de premier ordre, il serait égal à Vladivostok et supérieur à toutes les autres stations, de l’Extrême-Orient.
Entre Hong-Kong et Dalny, le port de commerce de Port-Arthur, que la Russie a fait beaucoup d’efforts pour développer, depuis le temps où il appartenait à la Chine, aucun mouillage n’existe qui pourrait être, aussi facilement et à si peu de frais, adapté aux besoins d’une station pour une puissance navale de premier ordre. Aujourd’hui la rade de Won-san n’est fréquentée que par les escadres qu’entretiennent en ces parages la Russie et le Japon. Quoiqu’il y ait sur cette côte une importante colonie japonaise, le Japon n’a détaché jusqu’ici aucune canonnière pour le service de garde du port. À Fusan et à Chemulpo, c’est une règle rigoureusement observée par le Japon d’affecter des navires à la garde du port, car il ne perd aucune occasion de prouver à sa voisine en particulier, et au monde en général, l’importance de ses intérêts en Corée.
Won-san fut ouvert au commerce japonais en 1880,