Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/253

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ratrice mourut victime du complot, et bien que l’empereur fût mis en prison, il parvint, au bout de peu de temps, à se réfugier à la Légation russe, avec le prince héritier. L’empereur ayant échappé au complot, cela ne faisait qu’accentuer l’échec du Japon, et, en dépit de ses traités postérieurs avec la Russie concernant la Corée, il ne s’est jamais complètement relevé du coup qu’il s’est porté lui-même en cette occasion.

Le Japon conserve encore une haute influence en Corée. Mais, quelque prédominante que soit sa position, les menées de sa puissante rivale tendent insidieusement à la détruire. La situation que la Russie occupe aujourd’hui est beaucoup moins prépondérante que celle qu’elle occupait en 1896, et pourtant son influence, si elle est moins visiblement agressive, est plus efficace qu’autrefois. Le Japon n’a pas su employer les moyens politiques que l’occasion lui offrait pour développer ses intérêts commerciaux. Pendant ce temps la Russie poursuivait sans fléchir sa politique. Après la défaite de la Chine, la Mandchourie était dans sa main, et la Corée était son héritage.

L’action de la Russie sur le Yalu, de nos jours, son attitude à l’égard de Won-san, autrefois, sont l’une et l’autre déterminées par le même motif. La Russie considère la Corée comme le complément de ses possessions d’Extrême-Orient, tandis que le Japon, d’autre part, envisage le petit royaume comme le corollaire de l’expansion qui est indispensable à son existence. La Russie occupant la Mandchourie et la Corée, et projetant son ombre sur la Chine, c’est, pour le Japon, la condamnation à une infériorité perpétuelle. Réciproquement, la Russie doit considérer, de Vladivostok et de Port-Arthur, l’occupation de la Corée par les Japonais comme un coin enfoncé dans le centre de ses communications