Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/45

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un hommage rendu à l’ardeur et à l’intrépidité de ces premiers explorateurs. Cette reconnaissance n’est que juste et elle ne doit pas être refusée à leur indéniable courage et à leur audace.

Il est permis de croire qu’un destin éminemment capricieux s’attacha à leurs pas, les excitant à laisser ainsi, pour guider les générations futures, quelque aperçu de leurs propres erreurs de calcul. Si on en peut juger d’après les courts récits que ces navigateurs nous ont laissés, le résultat de l’œuvre accompli sur ces rivages inhospitaliers surpassa tout ce qu’ils avaient prévu. La visite de ces hommes hardis éveilla la curiosité des Coréens et leur donna leurs premières notions de ce monde du dehors qu’ils repoussaient avec mépris depuis des siècles. En dépit des occasions précieuses qui s’offrent maintenant à eux, ils continuèrent néanmoins à le négliger. Le souvenir des vaisseaux noirs et des hommes à barbe rousse (les Hollandais), — comme ils baptisaient les étranges embarcations et les diables plus étranges encore, qui ne faisaient qu’apparaître à distance du rivage pour faire naufrage, — a longtemps hanté leurs esprits. Bien qu’ils aient traité ces étrangers avec une générosité relative, ils prirent soin de maintenir inviolés les secrets et la sainteté de leur terre. Ils repoussaient avec obstination les ouvertures amicales de ces étrangers qui venaient dans des vaisseaux monstres, et qui, ma foi, ne laissaient derrière eux qu’un nom. Il n’est donc guère étonnant que de nombreux points sur la côte de Corée portent des noms assez peu flatteurs. La baie de la Déception, l’île de l’Insulte, et la rivière Fausse dénotent certains désagréments subis qui, trop grands pour être supportés en silence, laissèrent une impression ineffaçable sur leurs souvenirs de l’endroit.