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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/115

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La vigueur de cette défense troubla l’amiral anglais. Il sentit la nécessité d’étendre le champ de l’attaque pour réduire au silence le bastion Saint-Joseph, vigoureusement protégé par le bastion de la porte de Valdaour, dont les feux d’enfilade démontaient les batteries assiégeantes. Il couvrit de boulets ce dernier ouvrage, dont les escarpes s’écroulaient, mais dont le tir ne faiblissait pas. Dupleix, manquant de sacs à terre, faisait blinder le revêtement avec des cocotiers, bois excellent pour cet usage, renforçait l’artillerie et entraînait si bien tout son monde qu’au matin tout était réparé. Boscawen avait démasqué tous les canons qu’il pouvait concentrer contre la forteresse ; partout il avait trouvé des feux supérieurs aux siens. Il perdait beaucoup de monde. Il donna l’ordre à la flotte de s’embosser devant la ville et de la couvrir de bombes et de boulets. Pendant douze heures le bombardement dura sans une minute d’arrêt. Pondichéry reçut plus de vingt mille projectiles. On supporta tranquillement l’orage. Dupleix avait donné ordre de ne pas répondre et de s’abriter. Du côté de la terre, le tir des bastions fut terrible. Le soir, les Anglais étaient réduits au silence.

Cet effort de l’assiégeant était le dernier. La saison s’avançait ; la mousson revenait avec ses tempêtes habituelles. Les espions, les déserteurs parlaient de la levée du siège, précédée d’une attaque désespérée. On intercepta une lettre de Boscawen qui montrait des dispositions à la retraite et de la fureur. Tenterait-il une escalade avec toute son armée ? Prudemment, Dupleix fit rentrer dans la place les canons des batteries trop avancées, et disposer sur les plongées des gre-