des seigneurs hindous. Cette recrudescence dans les salves annonçait l’arrivée de Dupleix. Il paraît, et saluant le soubab, lui offre les présents habituels. Aussitôt Mousafer-Singue prend par la main le gouverneur et le conduit vers le trône qui lui était réservé. Alors commença un long défilé des nababs et des officiers de Mousafer-Singue, qui, couverts de velours et de soie, étincelants de diamants et de pierreries, vinrent l’un après l’autre s’incliner devant Dupleix, entouré de ses officiers au simple costume, et déposer à ses pieds des présents, honneurs réservés aux seuls soubabs.
Cette sorte d’hommage accompli, Mousafer-Singue se lève, fait revêtir Dupleix du serpeau, habit éclatant, composé d’une robe à la maure, d’une toque et d’une ceinture, avec le sabre, la rondache et le poignard. Ce serpeau avait été donné par l’empereur Aureng-Zeb au fameux Nizam el Molouck. Le gouverneur resta toute la journée dans ce costume. Il le proclame nabab de toute la région au sud de la Chichena jusqu’au cap Comorin. Suivant l’usage des princes de l’Asie, il lui donne un nom nouveau : il l’appelle Zapher-Singue-Bahadour, ce qui signifie toujours brave et victorieux. Il lui accorde comme apanage la ville de Valdaour et son territoire pour en jouir en propre par lui et ses descendants. Il ajoute à l’octroi de ce domaine une pension de 240,000 livres et une autre de pareille somme pour madame Dupleix. Il lui confère le titre de munsub ou commandant de sept mille chevaux. Il établit que la monnaie de Pondichéry sera la seule ayant cours dans l’Inde méridionale, reconnaît la souveraineté de la Compagnie sur Mazulipatam et Yanaon, et accorde une