Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/174

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mer, et avec des imprécations donne à ses officiers l’ordre de rassembler les troupes et de courir sus aux rebelles. Kerjean, un des premiers avertis, supplie le soubab de ne point aventurer la majesté royale dans une sédition dont on peut triompher avec une compagnie française. Il ne demande que quelques heures pour soumettre les nababs ou rapporter leurs têtes. Mousafer-Singue ne veut rien entendre. Bussy lui-même, qui arrive au moment où le vice-roi monte sur son éléphant, n’obtient qu’un regard dédaigneux du prince, qui lui demande avec aigreur s’il veut être de la partie. Bussy réclame quelques minutes de délai pour rassembler ses troupes. Sans répondre, Mousafer-Singue se met à la tête de sa cavalerie, qui s’ébranle aussitôt.

Les nababs, qui n’avaient guère autour d’eux plus de quatre mille hommes, — leurs forces principales étant restées en arrière, — mais qui tenaient Rachioty dont le canon assurait leur retraite, n’espérant pas quartier s’ils étaient pris, connaissant l’éloignement des Français, résistent énergiquement et repoussent les charges des cavaliers de Mousafer-Singue, qui lui-même est forcé de reculer. L’arrivée des Français contraint les rebelles à fuir. Mousafer-Singue s’aventure dans la poursuite, seul, suivi de quelques fidèles. Les nababs l’aperçoivent et le chargent avec fureur. Un combat terrible s’engage autour de lui. La poignée de Français qui sert de garde à Mousafer-Singue lutte en héros. Le nabab de Cadapa, celui de Savanor succombent tour à tour. Le soubab pousse son éléphant sur celui de Canoul, essuie sans être atteint deux coups de feu de son adversaire, le joint, et d’un coup de sabre le jette