Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/201

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dans son élévation qu’un moyen de satisfaire ses goûts de despote ; bientôt les officiers le détestèrent et perdirent la confiance. Law était brave, mais sans caractère. Dans l’action, il restait hésitant ou sans idée ; il était de ceux qui ne voient jamais que le lendemain ce qu’il y avait à faire la veille. Avec cela Écossais, et par cela même suspect au soldat.

En arrivant en face de Trichinapaly, le premier sentiment du nouveau général fut le doute. Bussy eût tenté l’assaut ; Law pencha pour la temporisation et le blocus. Il écrivait à Dupleix pour lui remontrer toute l’absurdité d’une attaque de vive force. Était-il possible de s’emparer par un coup de main d’une place protégée par une triple enceinte de solides murailles, défendue non plus par de misérables Hindous, mais par des soldats anglais ? C’était folie d’y songer. Il fallait un siège, des travaux réguliers, une brèche. Que de temps perdu ! que de difficultés à vaincre ! En resserrant la forteresse au contraire, en empêchant les vivres d’y entrer, on la prenait aussi vite et sans sacrifice. Quelques mois suffisaient.

Dupleix, qui connaissait ses ennemis, préférait l’escalade et « les sacrifices d’hommes » qui répugnaient à Law. Ce qui importe, disait le gouverneur, ce n’est pas tant de perdre du monde que d’en finir. La démoralisation des Anglais est entière. L’insuccès d’une attaque ne compromettrait pas nos affaires, et si elle réussit ! Pourtant, il se contenta de souligner les avantages « du coup de vigueur ». Éloigné du théâtre de la guerre, malade lui aussi, en proie au chagrin, il subissait les atteintes d’une de ces crises qui terrassent les plus forts.