Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/226

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sait cet ascendant moral qui constituait la base même de tout le système de Dupleix.

Le temps était loin, en effet, où les Anglais n’avaient en vue qu’un intérêt d’argent, en louant leurs troupes aux princes indigènes. Ils avaient maintenant des visées plus hautes ; les victoires de Dupleix les avaient éclairés ; ils s’efforçaient d’imiter la tactique dont celui-ci s’était servi pour amener les nababs à devenir ses vassaux. Ils sentaient que pour établir leur domination, il fallait anéantir le prestige de la France et la réduire à un état d’infériorité politique et militaire, seul moyen de rompre les liens qui rattachaient les princes hindous à sa cause. Grisés enfin par leurs derniers succès, ils pensaient n’avoir plus que quelques efforts à accomplir pour nous imposer l’humiliation et la servitude. Ils nous jugeaient à la dernière extrémité et réduits à accepter toutes les hontes. Ils n’avaient opposé qu’un froid dédain à quelques ouvertures indirectes de Dupleix pour entamer des négociations. L’intérêt de leur politique leur commandait de rester sourds à toute demande qui ne serait pas une reconnaissance de leur état de victorieux et une consécration de notre état de vaincu. Ils voulaient nous forcer à implorer la paix.

Alors qu’arriverait-il ? Il était évident que l’ennemi ne nous proposerait que des conditions détestables, l’abandon de nos conquêtes dans le Carnate, l’évacuation du Dékan peut-être. Que ferions-nous ? De deux choses l’une : ou nous accepterions de céder nos possessions sans les défendre, ou bien nous repousserions toute discussion pour courir aux armes. Mais dans les deux cas, le but des Anglais était atteint : l’Inde avait assisté à notre