en ligne. Il ne pouvait même pas entreprendre de secourir Tiravadi ; il lui fallait assister au cruel spectacle de la prise de cette petite place, qui tombait, en deux jours, au pouvoir du protégé de la Grande-Bretagne. Ce dernier échec, quoique prévu et ne constituant qu’un accident de guerre sans importance, blessait vivement l’orgueil du gouverneur. Il rongeait son frein. Il était irrité, mais non abattu. Il avait foi dans le succès final, dans la solidité de ses plans ; mais agité par l’impatience, il eût voulu avancer le moment de l’action. Il lassait ses yeux à chercher sur la mer les vaisseaux qui portaient les renforts attendus. Aucune voile ne se dressait dans la lumière de l’horizon ; rien ne troublait l’éclat de la nappe liquide. L’inquiétude redoublait à Pondichéry. L’attente dura jusqu’au 28 juillet. Ce jour-là, on signala deux voiles se profilant au-dessus des vapeurs qui le matin s’élèvent des eaux. C’étaient le Bourbon et le Centaure. Ces deux navires amenaient les secours tant désirés.
L’effectif des troupes débarquées était bien faible ; il ne comprenait pas plus de cinq cents hommes. Cet envoi n’en était pas moins précieux ; c’était le moyen de recommencer la lutte. Dupleix déploya son activité ordinaire ; il avait tout à faire. Les hommes qui arrivaient étaient mal équipés, mal encadrés, mal armés. Ils savaient à peine manœuvrer. Leurs officiers étaient sans valeur et sans esprit militaire. Les soldats avaient souffert de la traversée. Il tâchait de remédier à tout cela et au plus vite, car il lui fallait improviser tout et au milieu de l’action, pour ainsi dire. Il « écrémait » ce qu’il y avait de meilleur pour former le corps