Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/242

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défendu, Kerjean commanda un semblant de retraite. « Les Anglais, avançant résolument, se trouvèrent bientôt sous le feu des canons ennemis, abrités derrière un mur extrémement solide. Kinneer fut blessé, les cipayes reculèrent, et les troupes blanches elles-mêmes commencèrent à chanceler. À ce moment, Kerjean les attaqua par le flanc avec cent soldats français ; cette manœuvre fut décisive. Les Anglais se retirèrent après une courte résistance, laissant quarante morts sur le champ de bataille. » Kinneer, sentant le danger de se trouver pris entre un mouvement combiné de la garnison de Gingy et des troupes de Kerjean, se hâta, pendant que la route était libre encore, d’opérer sa retraite sur Tiravadi.

Cette victoire rétablit l’ascendant de Dupleix. Méhémet-Ali-Kan, qui nous avait « crus morts », comme il disait, nous voyant plus redoutables que jamais, fut pris de découragement et d’effroi. Il fit à Dupleix des ouvertures pour obtenir le paravana de cession de Trichinapaly. Dupleix répondit qu’avant de négocier, il fallait donner des gages par une rupture éclatante avec les Anglais. Cela ne faisait pas l’affaire de Méhémet-Ali-Kan, qui écrivit alors à Salabet-Singue. La réponse qu’il en reçut, si elle fortifiait le crédit de Dupleix, n’était pas de nature à contenter le prétendant.

« La province du Carnate, disait le soubab, n’est pas à moi. Elle est au gouverneur de Pondichéry, mon oncle protecteur. Adressez-vous à lui. Accommodez-vous avec lui ; ce à quoi il consentira sera bien fait, et j’y consentirai. »

Dupleix eut alors la pensée de rendre public le para-