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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/261

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quoiqu’elles ne valent rien, font toujours nombre. »

À peine l’armée de Salabet-Singue eut-elle commencé la marche vers le Maïssour, qu’une sédition éclata parmi les soldats. Tous, jusqu’aux derniers coulies, déclarèrent qu’on ne leur ferait pas faire un pas de plus vers la Chichena. Peu s’en fallut que le divan ne subît le sort de Ragnoldas et ne fût assassiné par les cavaliers, qui criaient qu’ils ne voulaient pas entendre parler du Maïssour, et qu’on ne lèverait le camp que lorsque la solde serait payée.

Bussy, croyant que sa présence en imposerait aux mutins, vint au camp. On n’osa pas l’insulter, mais il surprit des regards farouches, des gestes menaçants ; il entendit des malédictions sourdes contre les étrangers. Il put se convaincre que cette émeute avait été préparée par d’habiles menées. Ainsi, au début d’une action, il se trouvait paralysé par un complot fomenté par cet ennemi insaisissable qui le poursuivait depuis plusieurs mois. Il était seul à lutter. Salabet-Singue, au lieu d’agir en maître irrité et de faire tomber quelques têtes, avait peur, se rangeait à l’avis de son entourage et cédait aux rebelles. L’armée reprenait le chemin d’Hyderabad. L’incapacité et la lâcheté du soubab écœurait Bussy, qui fléchissait sous le poids d’un nouveau découragement et écrivait à Dupleix : « Je vous le répète, il est impossible de soutenir longtemps Salabet-Singue. Dans les dispositions où sont actuellement les esprits, s’il paraissait sur la scène quelque nouveau compétiteur, il est hors de doute que tout le monde se rangerait de son côté !

« Je souhaiterais bien que vous prissiez des mesures