Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/291

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Cependant Dupleix avait réussi à réorganiser l’armée de Trichinapaly ; il lui avait donné un nouveau chef, Mainville, « dont il avait lieu d’être content », et tous deux, d’un commun accord, avaient décidé qu’il n’y avait pas d’autre parti à prendre que d’escalader la place. Dans la nuit du 27 au 28 novembre, Mainville, à la tête de six cents grenadiers, passa le Cauveri et enleva l’ouvrage qui couvrait la porte de la ville. Il n’y avait qu’à agir rapidement, à faire sauter la porte à l’aide d’un pétard, ou à escalader les murs, pour rester maître de Trichinapaly. Malheureusement on perdit du temps, et l’on fit des décharges qui donnèrent l’éveil à la garnison anglaise. On ne put enlever la porte. On dressa alors des échelles contre les murs, et tout le monde se mit à grimper. « Arrivés sur le bastion, les soldats voulurent s’étendre le long des courtines pour faciliter l’escalade du second mur ; mais le rempart n’avait pas de terre-plein ; il n’y avait qu’un escalier fort étroit qui conduisait au pied du rempart de la seconde enceinte. Nos officiers firent des efforts inutiles, et le jour, qui les surprit dans ce poste, ne leur laissa d’autre ressource que de se retirer dans le plus grand désordre. Huit d’entre eux y périrent, et il y eut quatre cent vingt soldats tués ou faits prisonniers. »

Dupleix avait échafaudé bien des espérances sur cette tentative suprême. Un moment même, il crut tenir la victoire ; dès qu’on s’était vu maître de la première enceinte, on lui avait dépêché un courrier pour lui annoncer la prise de la place. Celui qui portait la nouvelle du désastre arriva quelques heures après. Il ressentit donc dans la même journée l’ivresse du