Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec le moins de difficultés possible. Ils nous en susciteraient sûrement, s’ils n’étaient pas occupés ici. Croyez-vous que ce gouverneur (Saunders) traitait de chimère votre armée, et qu’il voulait persuader qu’elle ne subsistait que dans mon idée ! Faites-lui connaître le contraire, et vous ne pouvez le mieux faire qu’en pendant ce coquin de Saïd-Laskerkan, qui donne encore des espérances aux émissaires de Méhémet-Ali et des Anglais. »

Saunders ne s’opposa pas à la réunion d’une conférence. Les députés s’assemblèrent le 22 janvier 1754 à Sadras. Chaque nation émit des prétentions impossibles à concilier. Les Anglais proposèrent comme préliminaire indispensable la reconnaissance de Méhémet-Ali comme nabab du Carnate ; les Français, celle de Dupleix comme souverain de tout le pays compris entre la Chichena et le cap Comorin. Toute la discussion porta là-dessus. Au fond, c’était le vrai débat. On n’examina même pas les autres articles du projet de traité élaboré par Dupleix. Peu importait que Madras fût affranchi du tribut dû au nabab du Carnate, que les deux Compagnies se donnassent des sûretés mutuelles pour la liberté de leur commerce, qu’un gouvernement dans le Dékan fût offert à Méhémet-Ali. La question, c’était de savoir à qui serait l’Inde.

Les plénipotentiaires français, le Père Lavaur, Kerjean et du Beausset, montrèrent de l’habileté et embarrassèrent les Anglais, en représentant que l’emploi de nabab n’était pas héréditaire, que le père de Méhémet-Ali avait été élevé au poste de gouverneur du Carnate par Nizam-el-Molouk, que la mort d’Anaver-