Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/302

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arriva juste à temps pour se heurter contre cette émeute des actionnaires. Il eut beau s’évertuer, raconter ce qu’il avait vu, peindre la lâcheté des armées indiennes, rappeler ses victoires et celles de Bussy, l’ascendant de Dupleix sur les indigènes, déclarer facile la réalisation des projets du gouverneur, en montrer les conséquences, la fortune et l’immense puissance qui en rejaillissaient sur la Compagnie et sur la France, il dépensa en pure perte son éloquence. Son ambassade fut plus nuisible qu’utile aux intérêts de Dupleix ; on y vit comme une preuve irréfragable de l’endurcissement de ce dernier ; on commença à dire qu’avec cet orgueilleux à la tête des affaires, on n’aurait jamais la paix. On envoya Duvelaer à Londres, pour, de concert avec l’ambassadeur de France, s’entendre avec le cabinet de Saint-James, au sujet d’une base à adopter afin de régler les affaires de l’Hindoustan.

Les Anglais accueillirent favorablement les ouvertures de la cour de Versailles, et les pourparlers commencèrent bientôt. L’Angleterre ne voulait de la paix qu’autant que celle-ci lui permettrait de conquérir la suprématie dans l’Inde. Les diplomates de la Grande-Bretagne redoutaient le génie de Dupleix et savaient bien que, aussi longtemps que le pouvoir serait aux mains de cet homme, leur pays ne s’établirait pas dans l’Inde. Ayant ces vues très-nettes sur la situation, ils manœuvrèrent pour obtenir le rappel du politique qui leur inspirait tant d’alarmes. Leur tactique fut habile. Ils soutinrent que la guerre qui avait éclaté entre les deux Compagnies avait pour unique cause l’ambition personnelle et l’orgueil de Dupleix. La preuve en était, disaient-ils,