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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/304

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l’expansion de la race française en Asie. Il ne vit pas que le moment était décisif ; il n’eut pas même l’idée de la puissance que la possession de l’Hindoustan donnerait à notre pays. Il n’avait qu’une préoccupation : écarter tout ce qui pouvait amener des complications et compromettre sa place de garde des sceaux. Le croira-t-on ? Il écrivait à Mirepoix : « Vous pouvez déclarer, Monsieur, que l’on ne projette ici, ni d’avoir dans l’Inde des possessions plus vastes que celles de l’Angleterre, ni de s’y faire neuf millions de rente, ni de se conserver la faculté exclusive du commerce de Golconde, encore moins celui de toute la côte du Coromandel. Nous envisageons nous-mêmes ces projets comme des chimères et des visions. » En même temps il donnait à Mirepoix l’ordre d’en finir.

On conclut alors avec l’Angleterre une convention, dont les termes impliquaient le rappel des deux gouverneurs français et anglais et la nomination de deux commissaires, « un pour chaque nation, chargés d’établir les affaires sur un pied qui rendît la guerre impossible entre les deux Compagnies, tant que les gouvernements des deux pays seraient en paix ». C’en était fait, Dupleix était condamné. Il tombait comme une victime. Le pays dont il était une incarnation vivante n’était pas responsable de la disgrâce qui frappait l’homme d’État. Dupleix avait suffisamment démontré ce que pouvait le génie de notre race. Il tombait sous la décrépitude du pouvoir. Sa chute, c’était la preuve d’une décadence officielle arrivée à son apogée, c’était la faillite de tout un ordre de choses.