Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/306

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sieur Godeheu se trouvait obligé de faire arrêter le sieur Dupleix, il s’assurerait en même temps de la personne de la dame et de la demoiselle Dupleix, par le danger qu’il y aurait à laisser en liberté des personnes aussi immensément riches, qui pourraient tout tenter pour remettre en liberté le sieur Dupleix, et il observerait que les dames et sieur Dupleix n’eussent aucune communication les uns avec les autres. Signé Machault. » (Instructions secrètes et supplémentaires à Godeheu.)

Godeheu emmenait avec lui deux mille hommes de troupes, cette force que Dupleix avait sollicitée vainement pour conquérir l’Inde !

Le gouvernement de Louis XV n’avait pas mal placé sa confiance : Godeheu était l’homme qu’il fallait pour remplir convenablement la tâche d’un sbire. Il craignait une résistance de Dupleix. Il s’arrangea de façon que celui-ci n’eut aucun soupçon de sa disgrâce et demeurât persuadé que les pouvoirs dont le commissaire était revêtu avaient trait à une enquête et à des négociations ultérieures pour la paix. Pour le mieux tromper, Godeheu lui faisait écrire par les directeurs, le 15 octobre 1753 : « L’état d’incertitude où vous nous laissez sur les moyens de terminer une guerre onéreuse depuis longtemps et toujours fatale à la prospérité du commerce, et l’ignorance où nous sommes de l’existence des fonds considérables que nous avons envoyés dans l’Inde depuis la paix faite en Europe, et qui n’ont pas été épuisés à beaucoup près par l’achat des retours, nous ont engagés à avoir recours à M. le garde des sceaux pour diriger notre conduite. La nomination d’un commissaire a paru à ce ministre