Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/310

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ajoutait-il, les titres dont j’ai l’honneur d’être revêtu exigent une décence qui entraîne un logement particulier. »

Le 2 août, tout paraissant calme, sûr de surprendre Dupleix en pleine quiétude, la situation lui sembla à la hauteur de son courage. Il débarqua, entouré de gardes et d’un appareil militaire capable d’en imposer, selon lui. Dupleix, prévenu, sortit aussitôt du palais du gouvernement et vint sur la grève pour recevoir le délégué de la France. Naïvement, il tendait les mains au commissaire qu’il croyait son ami ; l’air compassé de celui-ci le déconcerta. Godeheu s’inclina sèchement, et après quelques formules de politesse, tira d’abord de sa poche une lettre de lui-même, non signée, et pria le gouverneur d’en prendre immédiatement connaissance. Le papier déplié, Dupleix lut avec étonnement ces mots :

« En vous rappelant, avec toute votre famille, l’intention du Roi n’est que de mettre la Compagnie plus à portée de vos lumières. Cependant, comme un rappel semble faire naître des soupçons dans l’esprit du public, presque toujours aveugle dans ses jugements, je peux aider à les détruire, en m’accordant avec vous pour répandre partout que vous prenez de vous-même le parti de retourner en France, suivant la permission que vous en avez demandée ci-devant, et que vous attendiez quelqu’un pour vous remplacer, quoique vous n’en eussiez rien témoigné. Je m’y prêterai très-volontiers, pour vous marquer jusqu’où va ma parfaite considération pour vous. C’est même une espèce de dédommagement de la peine que j’ai ressentie en me