dahs remplies d’une foule anxieuse, car la nouvelle de la disgrâce de Dupleix avait déjà transpiré dans la ville.
Cependant le conseil s’était réuni. Quoique Godeheu ne fût encore revêtu d’aucun caractère officiel, il se croyait le maître. D’un geste et d’un ton impérieux, il donna l’ordre à ses gardes, qui l’avaient suivi, d’écarter la foule qui entourait la salle. Puis prenant place dans un fauteuil, il invita Dupleix à s’asseoir à sa droite, et étalant sur la table une liasse de papiers, il se mit à lire, au milieu d’un silence gênant, les ordres de la Compagnie et de la cour. Pendant que Godeheu en scandait les phrases, chacun retenait son souffle et regardait autour de lui d’un air consterné. Les yeux de tous se reportaient obstinément sur Dupleix, qui, toujours assis, écoutait, impassible en apparence. On ne devinait l’agitation de son âme qu’à quelques mouvements fébriles, mais peu marqués, des mains. Godeheu pourtant acheva sa lecture. Il s’était tu depuis un moment déjà et n’avait pas encore entendu un mot d’approbation ou de blâme. Le silence, glacial et sinistre, régnait toujours ; rien ne semblait devoir le rompre. Dupleix avait courbé légèrement la tête. Tout d’un coup il se releva, et, debout, le bras tendu, d’une voix vibrante, il cria : « Vive le Roi ! » Comme un écho, on répondit au cri du patriote. Dupleix alors sortit de la salle ; on le suivit en hâte.
Il avait un dernier devoir à remplir, c’était d’informer Bussy de l’élévation de Godeheu au poste de gouverneur. Il le faisait dignement, en termes empreints d’une tristesse stoïque. Cette nouvelle alla au cœur de Bussy, qui répondit immédiatement :