Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/327

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Une telle tactique ne pouvait amener que la défaite. On apprit bientôt que l’infatigable Lawrence avait formé un nouveau convoi pour ravitailler la ville, réduite encore une fois aux dernières extrémités. Maissin, qui sentait la nécessité de s’opposer à ce suprême effort de l’ennemi, garnit fortement les versants de la colline appelée le Pain de Sucre, et avec le reste de ses troupes s’avança à la rencontre de Lawrence. Ce général, fidèle à sa stratégie ordinaire, fit contourner au convoi les positions françaises, et s’arrêta, avec ses grenadiers, derrière le ruisseau qui coule parallèlement à la ville vers le Cauveri. Maissin, montrant le convoi aux cavaliers du Maïssour, leur ordonna de charger ; ils refusèrent. Le chef des troupes françaises pensa alors à sa responsabilité ; il crut[1] « devoir suivre les ordres qu’il avait reçus et ne point combattre, puisqu’il n’y était pas forcé ». Il se replia en bon ordre. Quelques heures après, la garnison de Trichinapaly avait des vivres en abondance.

Cet échec ne troubla pas Godeheu. Au fond, il n’était pas fâché que Lawrence eût réussi à secourir la ville. Godeheu venait d’écrire à Saunders pour lui proposer une suspension d’armes. Qui sait ? une victoire des Français aurait pu, en irritant leur ennemi, compromettre entièrement le succès de la négociation. Il ne fallait pas humilier les Anglais, et c’était d’une bonne diplomatie de leur donner des gages palpables de notre modération. Il écrivit à Maissin pour lui enjoindre

  1. Maissin à Godeheu.