Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/52

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ainsi cinq navires, quand on lui annonça pour le mois d’octobre 1745 l’arrivée de cinq autres bâtiments partis de Lorient. Ravitailler cette escadre avec les ressources de l’île était impossible. À grand’peine La Bourdonnais tira des vivres de Madagascar. Il eut à triompher d’embarras sans nombre, causés par la timidité des capitaines, qui arguaient de leur responsabilité et refusaient de débarquer leur chargement, et prit enfin la mer avec une flotte relativement nombreuse, mais dont l’artillerie était d’un calibre bien faible pour lutter avec les pièces des entre-ponts anglais. La flotte portait 3,342 hommes.

Deux mois encore, et l’on touchait à Pondichéry. La Bourdonnais croyait avoir tout surmonté et se laissait aller à l’espérance. Il n’en avait pas fini avec les cruautés du sort. Sous la latitude de Madagascar, un typhon l’assaille et disperse ses navires, pourtant amarrés. Ceux-ci ne rallièrent la côte que trois jours plus tard. Désemparés, ils s’abritèrent dans la baie d’Antongil, garantie contre la violence des vagues par une île qui en ferme l’entrée. Le vaisseau amiral était démâté de tous ses mâts. Le Neptune avait coulé. Tous les autres avaient des avaries graves. Que faire en ce désastre ? On ne pouvait retourner à l’île de France. La terre où l’on avait abordé était déserte, marécageuse, pestilentielle.

Mais La Bourdonnais sentait toujours dans son cœur bouillonner l’énergie. On était immobilisé ; eh bien ! on se réparerait sur place ; ce serait long, et voilà tout. Tout de suite il se mettait à l’action. La côte était d’un abordage très-difficile. La Bourdonnais fit construire