Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/54

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sait, quand tout à coup il vit les navires de Peyton virer de bord, prendre leur ordre de route et disparaître dans la direction du sud, laissant le passage libre à La Bourdonnais. Ce vainqueur prenant la fuite, c’était le salut de notre escadre, qui n’avait plus de munitions que pour un combat et de vivres que pour vingt-quatre heures. La Bourdonnais, quoi qu’il en dit dans ses Mémoires, ne pensa point à poursuivre Peyton, trop heureux d’en être délivré, et « redoutant, comme il le dit dans une lettre à Dupleix, la situation affreuse où il se trouverait, si malheureusement il tombait sous le vent de la place ». Il arriva à Pondichéry le lendemain.

La joie de Dupleix fut immense et sans mélange ; l’envie était un sentiment inconnu à cette âme. Quand, au débarquement, il reçut La Bourdonnais dans ses bras, la reconnaissance et l’admiration agitèrent seules son cœur. À la vue de ces troupes, de ce chef éprouvé, qui descendaient des vaisseaux, il se sentait délivré de toutes ses inquiétudes. Enfin, Pondichéry était sauvé. On allait pouvoir relever le drapeau du pays, vaincre l’Angleterre et conquérir par cette victoire le prestige dont il fallait s’envelopper pour éblouir les populations de la péninsule et les dominer.

L’union de deux hommes comme lui et La Bourdonnais, que de choses ne devait-elle pas amener ! « Vous avez appris les malheurs qui m’ont accablé, disait Dupleix à La Bourdonnais ; la Providence ne m’a point abandonné. J’ai eu la satisfaction de mettre Pondichéry à l’abri de toute insulte. L’espérance ne m’a jamais quitté, et j’espère que, grâce à Dieu et à votre concours, la nation sera bientôt dans une situation tout