Placé dans cette alternative, ou d’entamer avec ce révolté une lutte que le tempérament du vainqueur de Madras pouvait rendre sanglante, ou d’abandonner la conquête de l’Inde, s’il éprouvait de la colère et de la tristesse, du moins Dupleix ne ressentait point d’hésitation. À ses yeux, toute cette affaire n’était qu’un accident dans la partie ; il fallait soumettre La Bourdonnais ou le briser. Cependant, il essayait encore une tentative de persuasion : « Au nom de Dieu, écrivait-il, au nom de vos enfants, au nom de votre femme, laissez-vous persuader ; finissez comme vous avez commencé, et ne ménagez pas un ennemi dont l’unique but est de vous réduire à la dernière extrémité ! La Providence nous a servis mieux que lui ; profitons-en pour la gloire de notre monarque et le bien d’une nation qui vous regardera comme son restaurateur dans l’Inde. Fasse le ciel que je puisse vous persuader d’annuler un traité funeste. » Ces supplications n’ébranlèrent pas l’orgueilleux marin, dont le parti était pris. Elles n’eurent d’autre effet que de lui révéler la faiblesse de son plan et la nécessité d’en masquer l’égoïsme sous le voile d’un grand sentiment, qui serait à la fois une excuse et une cause.
Il invoqua alors toute une histoire de serments proférés, d’engagements pris avec les Anglais le jour de la reddition de la ville, sans songer que les originaux et les copies de la capitulation, ainsi que toutes les lettres, envoyés par lui à Pondichéry, ne mentionnaient en rien l’existence de pareilles conditions. Sans s’inquiéter de leur invraisemblance, sans même cherchera pallier son silence, au sujet de ces engagements, de quelque expli-