Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/80

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ration de Dupleix, affirmant « que le traité de rançonnement ayant été contracté par la pure volonté et sans autorité légitime de M. La Bourdonnais et avec des prisonniers, qui ne peuvent s’engager, était nul de plein droit et regardé comme non avenu ». Une autre ordonnance établissait un conseil provincial au fort Saint-Georges et nommait d’Espremenil commandant et directeur des ville et fort de Madras. Quand le greffier se tut, La Bourdonnais, voyant que tous ces décrets émanaient de Pondichéry et qu’il n’y avait rien de France, se remit de sa frayeur, et furieux, avec une grêle de grossiers jurons, déclara qu’il ne reconnaissait dans l’Inde l’autorité de qui que ce fût ; il chercha à équivoquer sur une phrase de ses instructions, phrase qui le laissait maître de ses opérations. D’Espremenil n’eut pas de peine à réfuter une telle argumentation. Sous l’aiguillon de cette parole, la colère de La Bourdonnais n’eut plus de frein. Il voyait autour de lui les officiers de ses vaisseaux, et pour être sûr de leur appui, sentait la nécessité de parler en maître. Il alla jusqu’à la menace de frapper Bury et s’écria qu’il ferait prendre les armes aux troupes.

Un murmure d’indignation s’éleva dans la salle. La Bourdonnais, qui conservait dans ses accès de colère une présence d’esprit très-significative, comprit qu’il s’échauffait trop dans son rôle, et, avec la rouerie d’un vieux procureur, il vit qu’il fallait appuyer la résistance sur quelque forme légale. Il passa aussitôt dans une pièce voisine, en appelant autour de lui ses officiers comme à un conseil de guerre. Il ne parla pas de ce qui s’était passé entre lui et Dupleix au sujet de la capitula-