Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/95

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expédiait en même temps à d’Espremenil, le gouverneur de Madras, l’ordre de ne rien risquer devant l’ennemi, de se borner à une défense passive, de n’agir en un mot que si l’on y était absolument forcé. Dupleix en effet, tout en poussant avec fureur ses armements, n’en continuait pas moins les négociations avec Anaverdikan, et, étant donné la mobilité des princes asiatiques, pouvait encore espérer un revirement dans la politique du nabab. Au reste, il lui fallait encore gagner quelques jours, avant que l’expédition confiée à Paradis fût en état de marcher. Cependant tout était prêt pour porter un rude coup à l’Angleterre en terrassant l’orgueilleux potentat d’Arcate.

Pendant quelques jours, d’Espremenil, selon ses instructions, resta l’arme au pied, se renfermant dans l’enceinte de la ville, se contentant de faire bonne garde. Les troupes du nabab conservaient une attitude prudente ; leur présence n’était signalée que par la blancheur des tentes qui contrastaient avec la verdure du sol, que par les rumeurs qui, avec la fumée, montaient du camp vers le ciel. N’étaient les innombrables cavaliers qui, le soir, sous les cocotiers et les banyans gigantesques, venaient abreuver leurs chevaux dans les eaux du Montaron, et les quelques sentinelles accroupies comme des singes sur leurs talons, on aurait pu se croire en face d’une de ces grandes agglomérations d’hommes, si fréquentes dans l’Inde, réunies pour l’accomplissement d’un devoir religieux.

Les lunettes françaises avaient beau fouiller l’horizon, on ne relevait aucun de ces signes qui indiquent la construction des travaux de siège et des batteries.