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Page:Hannon - Au pays de Manneken-pis, 1888.djvu/11

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C’est une serre tropicale
Où, par un éternel matin
Rayonnent des fleurs en satin.
En soie, en velours, en percale.

Plus séduisantes que tes pleurs
Ou que tes peignoirs de batailles,
M’apparaissent les fausses fleurs
Qu’aux élégantes tu détailles.

Déserte le banal boudoir,
Car je lui préfère la flore
Bizarrement versicolore
Dont s’ébouriffe ton comptoir.

Je crois, en franchissant la porte
De ce jardin capricieux,
Que l’aile des rêves m’emporte
Loin, bien loin, sous de nouveaux cieux.

Dans leurs fantastiques corolles,
À ton sourire épanouis
Éclatent en chœurs inouïs
Des végétaux sachant leurs rôles.

II

 
Près d’un bleuet en calicot
Fleuri sous d’autres latitudes,
Tout noir, un grand coquelicot
Prend de funèbres attitudes.

Une tulipe de velours
Penche sa tête mauve et pleure
Sur des gramens d’or qu’elle effleure
De ses pétales ronds et lourds.

Ophyrie aux reflets de cuivre,
Hautaine sur le fil de fer,
Lève son front où le faux gîvre
À mis comme un baiser d’hiver.

Ophyrie — et bien d’autres roses
S’émerveillant de leurs satins
Extraordinaires et teints,
Dans de joyeuses couperoses !