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Notre sang peut dormir aux veines, ces gâteurs
Veulent des présents moins fluides !
Leur arme est la sébille impudente des gueux
Qui vont mendiant par les routes.
Ils sont très-plats ; leurs doigts crochus, longs et rugueux
Cherchent l’or et laissent les croûtes.
Prends garde ! ton ciel craque et son azur terni
Laisse partout voir des lézardes.
Ton glas résonne. Il est fini ton infini.
On va reléguer aux mansardes,
Pâle divinité, ta gloire, — et vos faux nez,
Sort, Hasard, Destin, Providence !
Aujourd’hui nos cerveaux bien désemprisonnés
Ont conquis leur indépendance.
Ton enfer enfantin, ton Diable et ses terreurs,
Chacun s’en joue en conscience
Car pour désenfiler ton chapelet d’erreurs
Nous interrogeons la Science.
Ton culte a la tristesse âcre des hôpitaux
Dans ses jeûnes, dans ses cilices ;
Mais nous avons ouvré les Péchés capitaux
Aux inépuisables délices.
Sur nos têtes tu peux brandir l’éclair cinglant,
Fouet dont ta main nous rémunère,
Nargue à ta foudre ! nargue à son rire aveuglant :
Nous forgeons le paratonnerre !


Vignette de fin de chapitre